vft : Dans un interview du journal La Vanguardia, vous avez été citée comme « l’environnementaliste qui éteint les incendies de forêt à l’aide des mathématiques ». En quoi consiste votre méthode de calcul des probabilités de survenance d’incendies de forêt ?
A. D : Nous avons construit un simulateur qui cherche à reproduire les incendies tels qu’ils se produisent, dans ce cas particulier, en Catalogne, mais aussi les possibilités d’extinction des sapeurs-pompiers. Une fois que nous comprenons mieux quelles sont ces relations, nous introduisons les données dans le modèle. Nous introduisons un paysage réel, la météorologie actuelle et nous le faisons avancer dans le temps, puis nous observons, au fur et à mesure que nous modifions l’un des facteurs, la probabilité d’incendie change. Ces facteurs peuvent être climatiques ou paysagers (remplacer, par exemple, une espèce d’arbres de la forêt par une autre espèce plus arbustive ou de maquis). Par la suite, nous introduisons les paramètres qui correspondraient aux forces d’extinction. S’ils sont supérieurs à la progression de l’incendie, il est alors possible de l’éteindre, s’ils sont inférieurs, il continue de progresser.
vft : Les paramètres introduits sont-ils basés sur l’historique des incendies ?
A. D : Oui, nous disposons d’un registre fiable des 40 dernières années, dans lequel tous les incendies survenus en Catalogne sont répertoriés et nous analysons leur relation avec le paysage et la météorologie.
vft : Comment ses informations se transcrivent-elles en termes de dispositifs d’extinction ?
A. D : Actuellement, nous les utilisons d’ores et déjà dans un projet pilote comme un outil de planification réelle, sur dix ans. Le modèle nous fournit des informations utiles à moyen et long terme. Son but n’est pas d’alerter les systèmes d’extinction lorsqu’une urgence est sur le point de se produire, il n’a pas cette capacité de prévision. Toutefois, il nous aide à quantifier l’efficacité des différentes stratégies de gestion. Dans le cas du projet pilote, nous analysons quel est l’impact des brûlages dirigés, dans certaines zones et à une certaine fréquence, sur le pourcentage de probabilité d’incendies. C’est un instrument de planification plutôt que d’aide aux urgences, conçu avant tout pour la recherche.
vft : Cela peut avoir un impact très positif sur les politiques de gestion du paysage.
A. D : Chiffrer les choses dont nous savons qu’elles se produisent (car nous savons tous que si nous réduisons le combustible, nous réduisons les risques d’incendie, mais actuellement cela nous permet de savoir dans quelle proportion et pendant combien de temps) ; c’est un outil très utile pour la planification stratégique.
vft : Est-il possible de prévoir l’intensité ou la génération des incendies qui pourraient se produire, même si on ne sait pas exactement quand ils vont se produire ?
A. D : Dans le modèle, nous avons introduit la possibilité d’avoir certains types d’incendies. Il nous permet également de savoir si le paysage sera en mesure de générer un incendie de forte intensité, de convection de cinquième ou sixième génération. Pour l’heure, il existe un facteur d’aléas (en fait, c’est tout comme les inflammations, nous ne savons pas quand elles se produiront). Je veux dire, si le paysage est géré, par exemple, s’il a été brûlé l’année d’avant, un incendie de forte intensité ne pourra pas avoir lieu, mais si l’inflammation se produit dans une zone boisée des Pyrénées, avec des charges élevées de combustible, au cours d’une année sèche et que le modèle simule de façon aléatoire une vague de chaleur, alors oui, cet incendie aura lieu.
vtf : Quelles données introduisez-vous dans le système ?
A. D : Nous utilisons les cartes d’occupation des terres et de recouvrements de Catalogne dont nous disposons, les inventaires forestiers, pour connaître la structure de la végétation, l’historique des incendies, et les données météorologiques, mais surtout, les indices de sécheresse qui ont été enregistrés au printemps et en été en Catalogne. Il comprend également les données sur les conditions synoptiques : fréquence des épisodes de vents, vagues de chaleur, marais barométrique, etc.
vft : Et, quels paramètres sont-ils extraits pour l’analyse ?
A. D : La probabilité de survenance de grands incendies et qu’ils soient de forte intensité. Mais aussi, si ceux de basse intensité se produisent davantage dans le périmètre ou bien s’ils se produisent dans des zones plus boisées. En fin de compte, ce que nous pouvons constater, c’est qu’il y aura toujours des incendies, et ce qui est intéressant, c’est de savoir si nous sommes capables de réduire les incendies les plus intenses, qui sont les plus néfastes.
vft : Quels points du modèle mathématique Medfire de Lluís Brotons avez-vous améliorés ?
A. D : Le Medfire avec lequel nous travaillons est maintenant un peu plus complet. La base était la même, mais elle ne comprenait pas les types d’incendies. Il prenait en compte le paramètre vent, mais il ne simulait pas les incendies de convection, les incendies topographiques, etc. Désormais, il y a plus de détails climatiques, notamment en ce qui concerne la simulation des conditions synoptiques que j’ai mentionnées précédemment. Il comprend également de façon plus détaillée, l’impact des brûlages dirigés sur la probabilité d’incendies. Avant, il s’agissait plus d’une hypothèse, maintenant il est rendu plus explicite dans le modèle.
vft : L’anticipation est essentielle pour les dispositifs d’extinction.
A. D : Ce qui ressort du domaine de la recherche, c’est que l’un des points clés pour comprendre les incendies, surtout ceux de forte intensité, est l’humidité du combustible. Jusqu’à ces dernières années, l’accent était mis sur la végétation morte, la litière et les branches sur le sol, car à priori, on pensait qu’il s’agissait du matériau le plus ignifuge et que l’incendie débute le plus souvent sur ce matériau ; mais en fin de compte, ce que l’on peut constater, c’est que l’incendie progresse et dépasse les capacités d’extinction, qui est le point critique, en raison de l’humidité du combustible vivant, composé essentiellement de feuilles et de fines branches. Comprendre l’humidité du combustible vivant est beaucoup plus complexe que celle du combustible mort. L’humidité du combustible mort dépend pour beaucoup de la météorologie du jour même ou du jour précédent, car se trouvant sur le sol, il absorbe l’humidité qu’il reçoit. L’humidité du combustible vivant dépend des précipitations du printemps précédent, de la profondeur du sol, du type d’espèces, de savoir s’il a souffert des ravages dus aux insectes. Ce sont des facteurs beaucoup plus complexes et difficiles à modéliser et à prévoir, mais en Catalogne nous disposons d’un service de prévention qui, en collaboration avec les agents ruraux, se charge de suivre, sur l’ensemble du territoire, certaines espèces clés, comme le romarin, pour détecter l’humidité du combustible, afin de détecter les signes d’alerte et de mobiliser les dispositifs de prévention, s’il y a lieu. La végétation est un facteur important dont nous apprenons de nouvelles choses, tout comme la météorologie. Vous avez sans doute entendu parler des fameux 30 30 30.
vft : Si les conditions d’humidité sont inférieures à 30 %, la température est supérieure à 30 °C et le vent dépasse 30 km/h, cela crée des conditions très favorables à la survenance d’incendies de forte intensité.
A. D : Exactement. C’est utile, mais cette règle ne fonctionne pas toujours, cela dépend pour beaucoup de la zone. Ce que l’on constate, c’est qu’il est important de contextualiser les facteurs, plutôt que d’établir des règles générales. Au bout du compte, un épisode de vent modéré dans le centre de la Catalogne est très différent d’un épisode dans l’Ampourdan. Si nous avons des vents de 60-70 km/h sur la côte de l’Ampourdan, les systèmes d’extinction et le paysage sont beaucoup mieux préparés que ceux du plateau central. Ces signes d’alertes ou cette anticipation doivent être adaptés à chaque zone.
vft : Notre historique d’incendies, que nous dévoile-t-il ?
A. D : Au cours des années 80 et 90, un patron très clair se reproduisait, dans lequel on pouvait constater qu’une augmentation de la température (qui s’enregistrait déjà, quoique plus basse que celle enregistrée actuellement), et une augmentation du peuplement forestier en Catalogne, signifiaient une recrudescence des incendies. Et cela s’est produit tout au long des années 80, avec des années démesurées, comme 1986 et 1994. Mais à partir des années 2000, il devient évident que l’arrivée d’analystes d’incendies, et notamment les GRAF (Grupo de Refuerzo en Actuaciones Forestales, Groupes d’interventions forestières), améliore considérablement les capacités d’extinction, et cela change la façon dont la Catalogne brûle. Et tout cela, conjointement au fait qu’une grande partie de la Catalogne a déjà brûlé au cours des décennies précédentes, fait qu’il y ait véritablement moins d’incendies. Ce n’est plus ce que nous avions dans les années 90, mais bon, ce que nous pouvons toutefois constater est que les grands incendies qui se produisent sont véritablement ceux que les sapeurs-pompiers ne peuvent pas contrôler, ce sont des incendies très rapides et très intenses ; et ce que nous constatons est que de telles vitesses n’ont certainement pas été enregistrées dans les années passées. Ceci est déterminant pour les régimes des incendies : la vitesse à laquelle cette surface brûle.
vft : Quel est le régime des incendies en Catalogne ?
A. D : Dans l’arc méditerranéen, nous avons généralement de nombreux petits incendies et quelques-uns de forte intensité, qui brûlent de grandes surfaces et touchent tous les niveaux de la forêt, entraînant l’élimination de toute la végétation. Dans d’autres régions du monde où, par exemple, l’on trouve de la savane, il n’y a que des incendies de surface.
vft : Parlons des différents niveaux de la forêt.
A.D.: Le fait de visiter des zones brûlées nous fournit énormément d’informations sur la réponse de la végétation. En tant qu’écologue, j’estime que c’est une démarche très intéressante pour comprendre la façon dont les incendies interagissent avec l’évolution et la dynamique du paysage. Les espèces, la végétation ne s’adaptent pas aux incendies, mais elles s’adaptent à un régime d’incendie. Par exemple, le Pinus Halepensis, qui est notre espèce pyrophyte par excellence, lorsqu’il a développé ces cônes sérotineux (ceux qui conservent les graines), celui-ci a intérêt à ce qu’un incendie se produise pour créer de nouveaux espaces ouverts dans lesquels cette même espèce pourra prospérer. Par contre, si de nombreuses années passent et que rien ne brûle, il est très peu compétitif lorsqu’il y a de l’ombre et peut même disparaître. Il aime les incendies de forte intensité, et par conséquent, il a une autre stratégie qui consiste à stocker des branches mortes sur la basse afin que le feu puisse grimper et atteindre la cime. En revanche, il y a d’autres espèces qui au lieu de se régénérer ou de resurgir après l’incendie, ce qu’elles font, c’est survivre. C’est le cas de certaines espèces qui ont une écorce très épaisse, par exemple, pour résister au passage de l’incendie. Ces espèces sont adaptées aux incendies de surface qui brûlent les sous-bois. Il n’y a pas qu’un seul type d’incendie bénéfique, mais une série d’incendies auxquels les différentes espèces sont adaptées. Un autre facteur essentiel est le moment où les incendies se produisent. S’ils surviennent en dehors de la saison correspondante, en cours de en floraison, par exemple, les impacts peuvent être beaucoup plus graves sur la survie de cette plante. Les effets anthropiques modifient ces patrons et mettent en danger la survie de nombreuses espèces.
vft : Nos forêts sont-elles adaptées aux incendies qui se produisent ?
A. D : À nombre d’entre eux, oui, mais à ceux les plus intenses, non. Il peut y avoir un point de non-retour. L’exemple le plus simple : cette espèce qui survit aux incendies de surface, mais qui lorsqu’elle est confrontée à un incendie de cimes, ces feuilles brûlent et elle ne peut pas réaliser la photosynthèse et elle périt. Nous ne savons toujours pas si les incendies de très forte intensité seraient capables d’éliminer les graines d’espèces comme le Pinus Halepensis qui sont libérées après le passage de ces perturbations. Parallèlement, si les incendies sont très récurrents, cet individu peut ne pas avoir eu le temps de développer les cônes qui contiennent ses graines et donc qu’elles ne puissent pas à nouveau germer, qu’elles perdent cette aptitude de régénération après l’incendie.
D’autre part, il existe certaines espèces qui colonisent du périmètre vers l’intérieur. Autrement dit, lorsqu’une zone boisée a brûlé, la végétation environnante qui a survécu est capable de coloniser. Mais si nous analysons des cas comme celui de l’Australie de l’année dernière, où des millions et des millions d’hectares ont brûlé, il peut être très difficile pour certaines espèces d’atteindre le centre de l’incendie afin de reboiser le peuplement forestier dans un délai viable.
vft : Quelle est la capacité des incendies de sixième génération à se reproduire de façon récurrente dans la même région ou le même pays ?
A. D : Tout dépend de la façon dont la végétation se régénère. Il est vrai que pendant quelques années, nous aurons une fenêtre d’opportunités, car les zones brûlées sont des territoires gérés qui ne brûleront plus à des intensités aussi fortes. Mais si finalement, nous avons à nouveau un peuplement forestier avec beaucoup de combustible, la situation peut se répéter. Il est également possible qu’un changement ait lieu et que les forêts qui réapparaissent ne soient pas les mêmes. Ce que les modèles à long terme et de nombreux chercheurs nous disent, c’est que nous devrions peut-être nous faire à l’idée de ne plus voir certaines espèces d’arbres à certains endroits, qui finiront par être remplacées par des espèces plus arbustives ou de maquis qui n’ont pas la capacité de générer des incendies d’une telle intensité. Cela reste à voir. Ce qui s’est passé l’année dernière en Australie, est que l’intensité fut tellement violente que certaines zones, qui avaient déjà brûlé il y deux ans, ont à nouveau brûlé avec une forte intensité. Cela est très préoccupant, car il existe des espèces végétales, comme l’eucalyptus, qui sont résilientes, mais qui, si elles brûlent de façon récurrente, perdent leur aptitude à la repousse.
vft : Quelle est la contribution du Centre des sciences et des technologies forestières de Catalogne ?
A. D : C’est un centre de recherche qui a une approche très appliquée et très proche de la prise de décision. Ce n’est pas seulement un organisme académique. Nous travaillons en étroite collaboration avec des professionnels de l’administration, des analystes et les systèmes de prévention et d’extinction des incendies.
vft : Après avoir analysé les incendies en Catalogne, vous avez élargi votre champ de recherche au Portugal, à la Grèce, aux États-Unis et à l’Australie. Existe-t-il des points communs entre l’arc méditerranéen, les É.-U et l’Australie ?
A. D : Oui. Le plus logique est le changement climatique, de facto. Partout, des incendies de forte intensité se produisent en raison du stress de la végétation dû à l’augmentation de la température et, dans certains endroits, à une diminution des précipitations. Moins en Espagne, car la tendance des précipitations n’est pas très claire, mais le Chili, par exemple, supporte une sécheresse quasi structurelle, une décennie de températures élevées et de diminution des précipitations. Il existe également des points communs entre les États-Unis et l’arc méditerranéen, notamment une augmentation du peuplement forestier qui homogénéise le paysage et favorise ces grands incendies de forte intensité. Là-bas, cette situation s’attribue aux changements des stratégies d’extinction entrepris au cours des dernières décennies ; jusqu’au XIXe siècle, les brûlages dirigés étaient couramment utilisés à différentes fins, la politique de suppression totale du XXe siècle, qui a éliminé l’utilisation du feu, a entraîné cette augmentation du combustible végétal non géré. Ici, cependant, elle est attribuée à l’abandon rural généralisé (à la cessation d’activités comme l’agriculture, la sylviculture ou l’élevage).
vft : Il est notoire que les Amérindiens ou les tribus autochtones d’Océanie utilisaient le feu pour gérer le paysage. Quelle est notre relation historique avec le feu ?
A. D : Les communautés plus traditionnelles que nous trouvons sur notre territoire ont toujours utilisé le feu. C’est seulement maintenant qu’on leur dit qu’ils ne peuvent le faire. En fait, l’étymologie du mot Pyrénées provient de Piri (feu) et Neus (neige). L’endroit où les deux ingrédients se mélangent.
vft : Comment le feu interagit-il avec la perte et la fragmentation de l’habitat ?
A. D : C’est une question intéressante. D’une part, nous savons parfaitement qu’une fragmentation des peuplements forestiers, ici, nous aide à contrôler les incendies, car il y a une plus grande hétérogénéité, car il y a plus d’opportunités d’extinction, etc. Ce n’est pas le cas dans d’autres parties du monde. Par exemple, nous savons qu’en Amazonie ou en Sibérie, une augmentation de la fragmentation entraîne une recrudescence des incendies. D’autre part, la fragmentation des peuplements forestiers affecte le feu, mais nous savons que le feu a lui aussi une incidence sur la structure du paysage. C’est que l’on appelle la pyrodiversité. Il s’agit du principe selon lequel le fait d’avoir des incendies différents, survenus au cours d’années différentes, autour d’un paysage, peut donner lieu à différents habitats pour différentes espèces animales et végétales, en favorisant ainsi la biodiversité.
vft : Quel est l’état de santé de nos forêts ? Et, si elle n’est pas bonne. Cette situation peut-elle être inversée ?
A. D : Nous avons un déséquilibre climatique. De nombreuses espèces souffrent une sécheresse structurelle, qui conjointement aux vagues de chaleur occasionnelles, causent une certaine mortalité. Cela peut conduire à ce que les espèces que nous avons aujourd’hui soient remplacées par d’autres espèces. Par ailleurs, concernant l’arc méditerranéen, très peu de forêts n’ont pas été influencées par l’homme, ce qui fait que leur équilibre dynamique n’est pas un équilibre naturel. Nous avons des peuplements très denses bloqués, qui peuvent être une véritable poudrière pour les incendies et qui empêchent la régénération de certaines espèces.
vft : Nous avons entendu les corps techniques de prévention et d’extinction déclarer, à maintes reprises, que les incendies de sixième génération ont atteint la péninsule. Nous ne savons pas quand, mais ils se produiront. La communauté scientifique confirme-t-elle cette prédiction ?
A. D : Oui, nous sommes sûrs qu’ils se produiront. Nous ne pouvons pas dire quand exactement, mais si nous parlons en termes de générations humaines, c’est-à-dire, dans une période de 30 ans, nous pouvons alors affirmer que la prochaine génération les vivra certainement. Je pense que l’on a du mal à accepter le fait que la température atteigne 50 degrés en été dans la péninsule est une situation que nous allons vivre régulièrement dans les années à venir. Cela aura des conséquences sur les incendies et nous verrons quels effets cela aura sur la végétation. Nous ne pouvons pas donner une date exacte, car il existe de nombreux facteurs d’aléas, mais ils se produiront.
vft : Où ces grands incendies se produiront-ils ?
A. D : Dans toutes les régions qui ont un historique de pluviométrie élevée et où, par conséquent, la végétation est très développée, et qui actuellement subissent des sécheresses et des vagues de chaleur, comme les Pyrénées, la région de la Cantabrie ou le cadre atlantique. Le nord de la péninsule est le plus susceptible de développer ces incendies, car sa végétation a la capacité de générer une forte intensité.
vft : Pourquoi éteint-on les incendies ?
A. D : Nous éteignons les incendies parce qu’ils représentent une menace pour les êtres humains, pour la vie, pour nos biens et pour nos forêts, si l’on souhaite obtenir un bénéfice économique de ces derniers (la Sibérie brûle tous les ans, mais les incendies ne s’éteignent que lorsqu’ils se rapprochent des espaces forestiers péri-urbains). Mais nous ne réalisons pas que cette politique de tout éteindre peut nous faire aller à l’encontre de l’objectif de protéger ces biens, car cela ne permet pas d’éviter les grands incendies. Le fameux paradoxe de l’extinction. Nous créons des scénarios hautement inflammables, car nous ne permettons pas le développement de petits incendies. Les incendies ne peuvent pas être évités.
vft : Quel est le but ultime de Medfire ?
A. D : Être en mesure de quantifier nos mesures de gestion de la probabilité des incendies pour répondre aux questions sur l’investissement en ressources. Doit-on investir davantage dans les politiques agricoles ? Dans les brûlages dirigés ? Dans l’extinction ? Dans la bioéconomie ? Tout cela, nous pourrions le demander au modèle et obtenir des résultats concluants.